L’AU provient des revendications des personnes handicapées en ce qui a trait
au droit à l’égalité. Ces citoyens à part entière veulent étudier, travailler,
s’amuser, s’informer, communiquer, avoir une famille et une maison, voyager,
consommer, voter, se déplacer comme tout le monde. Or, notre société ne leur
permet pas toujours d’exercer sans tracas les mille et un gestes du quotidien.
Malgré l’adoption de quelques mesures ou services destinés à réduire les
inégalités, les personnes handicapées portent encore souvent une étiquette de
« citoyen de seconde zone ».
Comprendre comment une personne devient handicapée permet d’apprécier la
richesse de l’AU comme moyen d’intervention. Ainsi, une personne est handicapée
lorsqu’elle se bute à des obstacles qui font qu’elle ne peut réaliser ses
aspirations. La situation de handicap n’est pas uniquement la conséquence des
capacités et incapacités d’une personne, elle est aussi causée par
l’environnement où cette personne évolue.
À l’inverse, une personne ayant des incapacités qui évolue dans un
environnement lui permettant de faire ce qu’elle doit ou souhaite faire n’est
pas une personne handicapée. Elle est sans doute différente, mais à bien y
penser, qui ne l’est pas?
Comment intervenir?
Il existe plusieurs façons d’agir sur les obstacles... tout en évitant d’en
créer de nouveaux.
Cas par cas : Adapter nos pratiques et nos installations aux
besoins individuels est une façon de faire. Il en découlera une série de mesures
spécifiques qui ne constitueront peut-être pas la solution pour d’autres
individus ayant eux aussi des besoins. Par exemple, une rampe d’accès peut
convenir aux personnes se déplaçant en fauteuil roulant motorisé, mais être
difficile à utiliser par des personnes en fauteuil roulant manuel, à cause de
l’effort rendu nécessaire par l’inclinaison et la longueur.
Conception sans obstacles (accessibilité minimale) : Il est
également possible d’agir sur les obstacles de façon minimale, par des mesures
ciblées répondant aux besoins de certains groupes d’utilisateurs, telles celles
exigées par le Code de construction du Québec. Cette réglementation suggère des
aménagements pour les personnes handicapées, telle la rampe d’accès, mais tient
presque exclusivement compte que des besoins des personnes se déplaçant en
fauteuil roulant manuel. Conséquemment, l’accessibilité est minimale, incomplète
et implique une utilisation différente des lieux et des aménagements.
Concept liberté : Viser l’accessibilité universelle consiste
à poser des gestes qui répondront aux besoins de certains tout en bénéficiant à
l’ensemble, parce qu’ils sont incorporés à l’essence même du projet et des
aménagements réalisés. Ainsi, les lieux doivent pouvoir être fréquentés de façon
similaire par tous. La conception doit être simple, les parcours intuitifs et
les aménagements repérables.
Le principe est simple : les obstacles auxquels se heurtent les personnes
ayant des limitations fonctionnelles sont des révélateurs des difficultés
vécues, à un degré moindre, par tous les utilisateurs. Pensons seulement aux
aînés affligés de problèmes de vision, d’audition ou de mobilité. Aux parents
avec poussette et aux voyageurs avec sacs et valises, pour qui les portes et les
escaliers constituent tout un défi. Ou encore, aux nouveaux arrivants et aux
personnes analphabètes qui ont des difficultés de lecture et de compréhension de
la langue.
Agir par l’AU maximise l’impact de nos interventions maintenant et pour le
futur, selon les principes du développement durable. L’AU est également un
concept en évolution : ses principes sont appelés à être repensés au fur et à
mesure que la société s’y ouvre, et que de nouveaux besoins émergent.
Inclure l’AU à chaque étape
Pour en retirer tous les bienfaits, l’AU devrait être considérée dès que le
client et les professionnels définissent et raffinent leur vision du projet.
En effet, les choix effectués au tout début, notamment ceux relatifs à
l’organisation du site et à l’implantation du bâtiment, conditionnent le
résultat final. Ainsi, une organisation des fonctions favorisant des
circulations distinctes et bien définies, des liens cohérents et de plain-pied
avec l’environnement immédiat, une implantation du bâtiment ou un aménagement de
plain-pied, sans dénivellation, permettront une lecture aisée de l’ensemble de
même qu’un accès et une circulation faciles et sûrs.
Parallèlement, l’attention portée à l’emplacement et au traitement des
entrées, à l’organisation de l’espace intérieur et aux circulations dans le
bâtiment fera en sorte que l’orientation et les déplacements soient intuitifs,
aisés et fluides.
Le traitement architectural des divers services contribuera à ce que
l’activité qui se déroule dans le bâtiment soit, elle aussi, universellement
accessible. Car ce n’est pas seulement le bâtiment qui doit être universellement
accessible, mais tout ce qui contribue à l’expérience qu’on y vit! Dans une
bibliothèque, par exemple, une attention particulière doit être apportée aux
comptoirs de prêt, aux postes de recherche informatique, à la boîte de retour
des livres, aux rayonnages, à l’éclairage, à la signalisation, aux revêtements
de sol, etc.
Ce qui se conçoit bien en construction neuve s’applique également en
transformation et en rénovation, à la différence que les contraintes sont plus
nombreuses et les possibilités plus limitées, ce qui nécessite des décisions
encore plus réfléchies et judicieuses.
Relevez le défi!
L’accessibilité universelle est loin de se borner à une liste d’exigences à
cocher dans la section 3.8 Conception sans obstacles du Code de construction du
Québec. En plus d’être audacieuse et judicieuse, l’architecture doit aussi être
une réponse aux besoins des personnes qu’elle dessert et inclure tous les
citoyens. Bref, notre architecture doit être humaine.
Et l’esthétique dans tout cela? Voyez les deux projets lauréats de la mention
honorifique en accessibilité universelle des Prix d’excellence en
architecture 2011. Force est de constater qu’il est tout à fait possible de
conjuguer harmonie, créativité, audace, qualité architecturale et accessibilité
universelle.
Alors, n’hésitez plus et donnez au suivant!